Les bons achats de Marc – Octobre 2018
Coucou, du porto !
par Marc Chapleau
C’est comme retrouver un ami qu’on aurait perdu de vue. J’ai d’ailleurs à ce point coupé les ponts avec ce bon vieux porto que je n’en ai dans ma cave personnelle, à l’heure actuelle, qu’un ou deux…
Sauf que là, je regrette un peu.
J’ai en effet commis l’erreur que je dis sans cesse aux gens d’éviter : ne laissez pas votre réserve se réduire à néant, refaites le plein de chaque catégorie sinon au fur et à mesure, du moins de temps en temps.
Le hic, c’est que les grands Vintage et les Single Quinta, les seuls qui valent vraiment la peine de laisser patiemment vieillir au cellier, sont rendus pas mal chers…
Mais heureusement qu’en matière de rouge fortifié portugais, il y a toujours les tawnys – les 10 ans, 20 ans, 30 ans et même 40 ans – pour se rattraper ! Sans compter les Colheitas, des tawnys millésimés, issus d’une seule et même vendange.
Inutile, en effet, de prendre la peine de stocker ceux-là à long terme, ils ne s’améliorent plus une fois en bouteilles, étant longuement affinés au préalable dans les pipes (grands fûts) des producteurs portugais.
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Ma préférence, parmi les tawnys avec indication d’âge, a longtemps été – jusqu’à voilà quelques jours en fait – aux « 20 ans ».
Parce qu’ils combinent, pensai-je, le meilleur des deux mondes : les fruits frais (figue, prune, abricot) et les fruits secs (noisette, amande, etc.), tant en bouche qu’au nez.
Mais à présent, après une dégustation d’une vingtaine de tawnys en prévision d’un article à paraître dans le prochain numéro du magazine Exquis, mes certitudes vacillent…
Les « 10 ans » ont en effet très bien paru, mieux que les « 20 ans », même.
Plus fougueux, davantage axés sur les fruits rouges (la cerise et la mûre), tout en arborant les typiques notes noisettées. Ils sont meilleur marché, à part ça.
Autre belle surprise, les Colheitas, qui s’apparentaient souvent aux « 20 ans » (les colheitas sur le marché ont rarement moins d’une quinzaine d’années) mais en plus suaves, en plus complexes aussi.
À boire, aubergiste !
Sans plus tarder, voici les tawnies qui ont le mieux paru lors de cette dégustation. À titre d’info, les vins ont été servis plutôt frais, dans des verres Expert Tasting, pas trop petits donc, pour laisser aux arômes l’espace pour se développer.
Barros Colheita Tawny 2001 – Excellent tawny, mélange de fruit frais (la figue) et de fruit sec (amande), fraîcheur, de la finesse, le style portugais, quoi !
Feist Colheita Tawny 1989 – Couleur roussâtre (tawny), plus marqué par l’alcool au nez que le Barros, par exemple ; meilleur en bouche, ampleur et fraîcheur, alcool relativement en bride, en bouche.
Barros Colheita Tawny 1989 – Couleur tawny, nez noisetté, la figue un peu, une trace de fruit rouge, d’agrumes aussi – rappelle le Grand Marnier. Certaine élégance dans les saveurs également, caractère suave, noisetté ici aussi, assez long. Excellent !
Dow’s Colheita Tawny 2002 – Couleur roussâtre à reflets rouges, plus de puissance, le style anglais peut-on présumer, de la tension, de l’acidité. Touche de cerise noire en finale.
Offley Tawny 10 Ans – Très bon « 10 ans », avec passablement de fruit frais (la cerise) tant au nez qu’en bouche. Caractère suave, fondu, alcool modéré, légère pointe herbacée, bonne fraîcheur de l’ensemble.
Taylor Fladgate Tawny 10 Ans – Très bon équilibre d’ensemble. Des saveurs puissantes, légèrement capiteuses, du fruit rouge en finale qui lui donne un attrait certain.
Graham’s Tawny 10 Ans – Couleur rousse à reflets rougeâtres, complexité au nez, touche herbacée, la cerise noire ; saveurs à l’avenant, corsées, puissantes. Très bon !
Taylor Fladgate Tawny 20 Ans– Couleur plus intense, assez rougeâtre ; le sucre d’orge au nez, la tire aussi ; puissance en bouche, du corps et de la tension… Dans le style puissant, un tawny excellent.
Cabral Tawny 30 Ans – Excellent, à la fois fougueux, puissant et frais, de la complexité au nez également, du tabac, de la tourbe un peu comme dans le scotch. Possiblement le meilleur de la dégustation.
Marc
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