L’irrésistible montée des vins grecs
Toutes voiles dehors !
par l’équipe de Chacun son vin
Dans un pays aussi montagneux – on dit que c’est le troisième plus accidenté d’Europe –, qui connaît aussi des étés chauds voire caniculaires, on ne s’attend pas à trouver des vins nerveux et acidulés, bourrés de fraîcheur, sans lourdeur.
C’est pourtant le cas.
Du nord au sud de la Grèce, une flopée de terroirs et de microclimats particuliers permettent la production de vins blancs et rouges à même de surprendre.
D’autant plus, on le sait, que les cépages internationaux, comme le cabernet-sauvignon, le merlot et le chardonnay, ont peu droit de cité en Grèce – bien que les deux premiers occupent tout de même un peu plus de cinq pour cent de la surface totale plantée.
En lieu et place, une multitude de cépages indigènes, plus de 300, avec des noms certes parfois durs à prononcer, mais ô combien savoureux et originaux. Résultat : environ 90 % du vin grec est élaboré à partir de ces fruits incomparables, dans tous les sens du terme.
Les principaux cépages
En blanc, l’assyrtiko (notamment celui de Santorini, donne des vins secs et tranchants), le muscat (dont celui de Samos et de Patras, encore perfectibles bien que le rapport qualité-prix soit indéniable), le roditis (les meilleurs ont des notes de fleurs et d’agrumes, ainsi qu’une solide trame acide), le moschofilero (qui n’est pas sans rappeler le pinot gris et le muscat) et le savatiano (moins nerveux, plus parfumé).
En rouge, retenons le xynomavro (qui donne des rouges acidulés et épicés, évoquant les vins du Piémont à base de nebbiolo) et l’agiorgitiko (sorte de merlot grec, aux tannins ronds et au fruité marqué).
Une régionalité marquée
De manière plus globale, soulignons qu’il se produit là-bas légèrement plus de vin blanc que de rouge ou de rosé, et qu’on compte quelque 1 100 domaines disséminés dans les principales régions que sont la Macédoine et la Thrace (14,8 % de la surface plantée en vignes du pays), Épire et la Thessalie (8,32 %), l’Attique et la Grèce centrale (20,16 %), les îles de la mer Égée (10,67 %), le Péloponnèse (29,3 %) et, enfin, la Crête (11,9 %).
En 2016, à la SAQ, on comptait une soixantaine de vins grecs ; en 2017, ce nombre s’élevait à 75 ; et en ce moment, une visite sur saq.com et son moteur de recherche laisse découvrir qu’une centaine de vins grecs sont référencés par le monopole.
Le succès, bref, ne se dément pas.
Pédale douce sur le bois
L’expertise des vignerons et oenologues du cru est bien sûr à pointer du doigt. Souvent formés ailleurs en Europe dans des institutions réputées, ces derniers sont de plus en plus à même de tirer le meilleur du terroir, tablant notamment sur la bonne adéquation entre les sols (schiste, calcaire, roches volcaniques, etc.) et les cépages.
Ils ont aussi appris, on ne peut que s’en réjouir, à mettre la pédale douce sur le bois, qui peut ruiner les meilleurs efforts en criant tonneau.
Un choix attrayant à la SAQ
L’équipe de Chacun son vin a goûté récemment une bonne gamme de vins grecs présentement en vente à la SAQ. En voici plusieurs parmi ceux qui ont retenu l’attention.
Kir-Yianni Paranga Rouge 2015 – Un peu de réduction au premier nez dans ce rouge grec de Macédoine, issu d’un assemblage de merlot, de xinomavro et de syrah. En bouche, le vin est relativement corsé et concentré, des notes de cuir, d’épices, une finale sur la fraîcheur grâce à l’acidité.
Tsantali Rapsani Reserve 2014 – Des notes d’évolution dans ce rouge grec par ailleurs dépouillé et engageant, mi-corsé, avec une finale légèrement acidulée.
Argyros Atlantis 2016 – Assez sérieux pour la table, assez désaltérant pour l’apéro. Le 2016 est aussi vif et tendu que d’habitude, quasi tannique même, avec des accents citronnés et cette salinité qui ouvre la soif.
Gerovassiliou Epanomi Rouge 2016 – Bon rouge du nord de la Grèce passablement boisé mais avec du fruit et une certaine profondeur. Léger résiduel également. Pour mémoire : assemblage de limnio, syrah et merlot.
Gerovassiliou Avaton 2015 – Convaincant rouge du nord de la Grèce issu de cépages indigènes, à la fois souple et corsé et au mariage bois-fruit bien réussi. Bonne profondeur des saveurs, également.
Santorini Assyrtiko 2016 – Un assyrtiko à la fois vif, presque mordant, et très légèrement doucereux. L’ensemble est doté d’une indéniable fraîcheur, et le rapport qualité-prix est bon.
Gerovassiliou Malagousia Vieilles Vignes 2017 – Excellent blanc grec riche et texturé, avec des saveurs profondes, très bien soutenu par son acidité, très fruité par ailleurs (type muscat) et avec des accents évoquant le sapinage.
Kir-Yianni Paranga Blanc 2016 – À prix raisonnable, moins de 15 $, un blanc grec fruité et épicé, assez corsé par ailleurs, et avec une acidité qui lui donne un surcroît de tonus.
Kourtaki Mavrodaphne De Patras – Une sorte de croisement entre un porto rouge et un tawny, aussi sucré en tout cas, corsé, sans lourdeur, du fruit en masse, une finale sur la fraîcheur. Plutôt unidimensionnel, mais à moins de 15 $ les 750 ml, un très bon rapport qualité-prix.
Papagiannakos Kalogeri Malagouzia 2016 – Très bon blanc grec élaboré par un domaine bien en vue, des notes qui rappelle le vinyle au nez, et c’est plutôt agréable, des accents de fruit tropical également. Très belle texture en bouche, du nerf mais surtout de la richesse et de la profondeur.
Tetramythos Malagousia Patras 2016 – Blanc grec bio bien nerveux, comme avec plusieurs vins grecs avec un reste de gaz carbonique également, qui tonifie encore plus l’ensemble. Fruit, équilibre, finale délicatement épicée. À 18 $, un très bon rapport qualité-prix.
Thymiopoulos Naoussa Jeunes Vignes 2016 – Convaincant rouge de Macédoine (Grèce) avec un léger résiduel mais avec aussi une acidité marquée, qui préserve l’équilibre. Assez corsé en bouche, souple, du fruit et une finale épicée, plutôt relevée.
Tselepos Classique Mantinia Moschofilero 2017 – Le blanc de Yiannis Tselepos affiche une couleur rose pâle dans sa version 2017. Peut-être un signe de contact prolongé du jus avec la peau des raisins de moschofilero, dont la couleur tourne au gris, à maturité. Du reste, le nez est fin, élégant et délicatement parfumé; la bouche animée d’un perlant et d’une amertume fine, mettant en relief les notes florales du cépage. Tiens, cette envie soudaine de manger des fleurs de courgettes frites et de la tsaziki…
Tselepos Amalia Brut – Vinifié en méthode traditionnelle, un effervescent élégant auquel les notes florales typiques du cépage moschofilero apportent une touche d’originalité. Dosé à 10 g/l, mais tout à fait digeste. À servir à l’apéritif ou à table, avec des plats modérément épicés et parfumés.
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