Hors des sentiers battus – Mars 2018
Y a des jours, comme ça…
par Marc Chapleau
Ça me gêne un peu de vous le dire, mais je n’ai pas de sujet précis cette semaine, rien de particulier dont je tiendrais à vous entretenir.
Pas d’esclandre, pas de scène, ni de coup d’encensoir ou de dénonciation. C’est plate, je sais, mais c’est comme ça.
Ne partez pas pour autant. Car il y a toujours au programme, là-dessus par contre je ne faiblis pas, une série de bons vins goûtés récemment et tout à fait recommandables.
(Sans compter que ma prochaine chronique vous parviendra de Bordeaux, où je participerai aux Primeurs – comme en 2010, à l’époque pour Cellier. D’ailleurs, à ce propos, une question vous brûle les lèvres, que vous aimeriez soumettre à quelque illustre propriétaire bordelais, faites-m’en part, je le ou la cuisinerai pour vous. Essayez seulement de ne pas me mettre dans l’embarras, por favor…)
À boire, maintenant.
Tout d’abord, et volontiers pour l’apéro, le Pinot Bianco 2016 Alois Lageder (19 $) est particulièrement réussi. Un vin du nord-est de l’Italie, pas très loin de l’Autriche (d’où le nom du producteur, aux accents germaniques), léger et fruité, peu alcoolisé et rempli de fraîcheur. À moins de 20 $, une affaire.
Toujours en blanc, le Bourgogne Chardonnay 2015 Domaine René Bouvier m’a agréablement surpris. Je m’attendais à plus boisé, voire trop boisé, or ce n’est pas le cas : le vin est certes assez corsé, assez riche également, mais les notes florales et fumées, ainsi qu’une pointe de minéralité, le rendent tout de même agile, pas lourd du tout et passablement savoureux. Pas donné, à 26,65 $, mais la qualité y est.
Enfin, le Cloudy Bay Sauvignon Blanc 2017 (34,75 $). De Nouvelle-Zélande, un très bon sauvignon blanc, pas trop marqué par le buis, l’asperge ou encore le piment jalapeño (selon l’odeur que l’on associe à ce cépage quand il n’est pas assez mûr), sec (2,4 g), avec du gras et du nerf, sans être vif.
On passe aux rouges avec une jolie bombe fruitée en provenance d’Australie, le Yalumba The Strapper GSM 2016. Une belle réussite, que ce GSM (grenache, shiraz mourvèdre/mataro) bourré de fruit et de fraîcheur, sans que le boisé ne vienne se mettre dans le chemin. Saveurs mi-corsées et passablement sweet fruit même si l’ensemble n’a que 2 g de résiduel. Très bon rapport qualité-prix, à tout juste moins de 20 $.
Changement d’hémisphère, on se déplace vers l’Italie, avec le Corte Agnella Corvina Veronese 2015 (17,65 $). Convaincant rouge de Vénétie, proche d’un valpolicella, fruité et léger c’est dire, mais avec aussi de la profondeur et une grande «buvabilité ». Du sucre, un peu, même assez (6 g) mais voilà, l’acidité élevée compense, l’équilibre est préservé. Accord gourmand : je vais vous surprendre, avec un bon vieux chop suey…
Quelques encablures plus à l’ouest, et nous voici à Bordeaux…
Au menu, à seulement 15,05 $, le Château La Mothe du Barry 2016, en appellation bordeaux supérieur. Un rouge bio de très bonne facture, pas trop boisé et pas trop « sucré » malgré l’encépagement 100 pour cent merlot et la présence de 3,5 g de résiduel. Bouche à l’avenant, à peine corsée, même mi-corsée, aux tannins relativement fins, fraîcheur indéniable malgré les 14 pour cent d’alcool affichés. Pour tout dire, ça se boit tout seul !
J’ai peut-être gardé le meilleur pour la fin avec le Beaujolais L’Ancien Jean-Paul Brun 2016 (19,60 $). Dont j’ai déjà parlé, c’était l’automne dernier je crois, mais voilà, c’est si bon, comme dirait Claude Saucier, que je le remets sur la table.
Vieilles vignes de gamay, vinification à la bourguignonne, léger boisé subtil, un rouge mi-corsé souple et fruité, d’une suave texture, qui dévale le gosier en criant beaujo !
Mangez avec à peu près ce que vous voulez, à part tout ce qui tombe sous le sens : anchois, jalapeño, chocolat, asperges et autres empêcheurs de déguster en rond.
Voilà groupe, sans façon, bonnes gustations et bon printemps, surtout.
Marc
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