Hors des sentiers battus – Février 2018
« Moi, Jacques B., 76 ans, drogué… »
par Marc Chapleau
Quand il m’avait parlé de son projet de livre et de cette « dépendance » au vin, voilà environ un an de cela, j’avais suggéré au confrère Jacques Benoit de l’intituler « Moi, Jacques B., 76 ans, drogué… », en guise de clin d’oeil à la célèbre biographie pratiquement homonyme parue en 1978.
Ma suggestion – un peu osée, peut-être – n’a pas été retenue, et son bouquin, qui sort ce lundi 26 février aux éditions La Presse, s’intitule plutôt : Le vin… est une drogue ! Mémoires d’un dégustateur passionné ».
Comme l’indique la quatrième de couverture, Benoit nous entraîne dans les coulisses du monde du vin et retrace près d’un demi-siècle d’impressions et d’anecdotes personnelles liées à cette passion qui a sérieusement perturbé sa vie, on peut dire ça ainsi.
Le lecteur d’âge mûr sourira, notamment, à la mention de telle bouteille ou de telle situation qui prévalaient à l’époque, dans les chaumières québécoises. Quant aux plus jeunes, c’est tout un pan de notre mémoire collective qu’ils découvriront en lisant ces quelque 200 pages tissées serrées, d’une écriture à la fois fluide et précise, très factuelle.
À peu près tous les influenceurs québécois, passés ou actuels, figurent dans l’ouvrage – y compris votre moyennement humble serviteur. Par contre, en lieu et place du célébrissime Ricardo, qui est plus ou moins un gars de vin, j’aurais pour ma part plutôt fait mention de Véronique Rivest ou de Nathalie Bonhomme – la première comptant comme on sait parmi les meilleur(e)s sommelier(ère)s au monde, et l’autre étant cette Québécoise installée en Espagne qui vend aujourd’hui sous son nom plusieurs cuvées à la SAQ et ailleurs au Canada.
Justement, à propos, puisqu’il vient d’être question du sexe f(aible)ort, je ne m’attendais pas, par ailleurs, à ce que l’auteur vous raconte à propos d’Estella, l’inaccessible étoile, une superbe Argentine également oenologue qui nous avait subjugués, lors d’un voyage de presse là-bas en 1999.
« Mira la chica ! », avait d’ailleurs coutume de dire cette semaine-là le cher Jacques, chaque fois qu’une belle fille passait à proximité.
J’ajouterai, pour faire bonne mesure, que les gars, cheveux noirs, dégaine de gauchos, étaient pas mal cutes eux autres aussi…
À BOIRE, AUBERGISTE !
Tout ça pour dire qu’en fin de compte, le livre de Jacques Benoit se lit d’une traite, avec plaisir. Mais surtout, dieu qu’il donne soif !
À siroter donc, au coin du feu si ça vous chante ou sur le balcon, si le printemps donne à nouveau l’impression de vouloir arriver, avec un bon bordeaux ou un bon bourgogne, pour lesquels l’auteur nourrit à l’évidence une prédilection.
Encore mieux, encore plus conforme aux goûts et préférences du principal intéressé, commencer la soirée par un chablis, faire une place à table aux deux rouges susnommés puis ajouter en fin de parcours un porto, en guise de nightcap…
À défaut de l’un ou l’autre de ces vins chouchous, on pourrait aussi puiser parmi ces suggestions, tirées des bonnes découvertes que j’ai pu faire récemment :
Dizsnoko Furmint Dry 2016 – De Hongrie, un vin blanc particulier, à la fois tonique et corsé, avec des notes de miel et des saveurs concentrées. À moins de 20 $, une très bonne affaire.
Mas Collet Monsant Capçanes 2015 – Pas très bavard au nez, à part quelques agréables accents chocolatés ; se révèle davantage en bouche, la texture est plutôt serrée, il y a de la profondeur. [19 $]
Domaine De La Cendrillon Cuvée Inédite Corbières 2014 – Convaincant rouge du Languedoc, d’un violacé foncé, aux saveurs corsées, gourmandes, tout en étant empreintes de fraîcheur. [27,50 $]
Vietti Barolo Castiglione 2013 – Excellent barolo à la couleur légèrement tuilée, qui sent bon le cuir et les feuilles mortes mais avec aussi des notes bien fruitées (la griotte) ; la bouche suit, à la fois assez charnue et acidulée, au grain serré et aux tannins de qualité. [74 $]
Cava Lola – Mousseux espagnol de très bonne qualité, bien frais, bien tendu, d’une étonnante délicatesse, finale légèrement briochée et dosage modéré. [19,95 $]
Domaine de l’Herré Sauvignon Blanc 2016 – À prix raisonnable, un très bon sauvignon blanc du sud-ouest, qui sent le buis, certes, mais avec retenue ; les saveurs suivent, nerveuses et pour ainsi dire aériennes… [15,60 $]
Hugel et Fils Gewurztraminer 2014 – Un peu de laine mouillée (soufre ?) au premier nez, mais tout de suite derrière de belles notes florales (la rose) typiques du cépage. Fruité et fraîcheur en bouche malgré les 8 g de sucre résiduel. Très bon équilibre d’ensemble, et très bon rapport qualité-prix [19,65 $]
Torre Quarto Sangue Blu Negroamaro 2014 – Rouge des Pouilles (le talon de la botte) étonnamment évolué – ce n’est qu’un 2014 -, à la couleur de fait tuilée, mais voilà, le vin est convaincant, la concentration, le fruit et la profondeur sont là. À ce prix, une affaire ! [18,15 $]
Jeanjean Devois des Agneaux 2015 – Un classique, assemblage de syrah et de grenache bien connu des amateurs du Languedoc. Toujours aussi satisfaisant, et une cuvée 2015 rehaussée d’une finale épicée. [19,45 $]
Olivier Rivière Rayos Uva Rioja 2016 – D’emblée un peu de réduction, des notes finement fruitées et épicées tout juste derrière ; plus bavard en bouche, finesse et fraîcheur, peu ou pas de bois apparent. [19,80 $]
Jean-François Mérieau « Le Bois Jacou » Gamay 2016 – Très bon rouge de Touraine à base de gamay, léger et acidulé sans être dénué de profondeur, beaucoup de fruit également, une pointe herbacée. [20,95 $]
Arretxea Irouléguy 2014 – Délicieux rouge du pays basque français issu d’un assemblage de tannat (50 pour cent) puis des deux cabernets à parts égales. Violacé bien foncé, des notes de cuir et d’herbes sur fond de framboise noire. Beaucoup de fraîcheur, pas de bois apparent, des saveurs par ailleurs mi-corsées et un taux d’alcool affiché de seulement 12,5 pour cent. [32,75 $]
Marc
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