Hors des sentiers battus – Décembre 2017
Papier bulles
par Marc Chapleau
Je le sais bien, tous n’ont pas des étoiles dans les yeux quand on lance le mot magique : Champagne ! J’en connais par exemple, autour de moi, même, qui ne dédaignent pas une flûte de bonnes bulles sans pour autant ressentir d’émotions particulières en y trempant les lèvres.
Pourtant, du champe, quand c’est bien fait, dieu que c’est bon. Qu’on paie le gros prix et qu’on se fasse arnaquer dans une certaine mesure n’y change pas grand-chose. Ce mélange d’éclat, de nervosité et de subtilité tant aromatique que gustative, cela ne court vraiment pas les rues.
Qu’on se rassure, cela dit : je parlerai ici également de « simple » mousseux, parce que j’ai beau préférer le premier, je pense quand même à tous ceux et celles qui pourraient être en désaccord avec moi. Ou qui n’ont pas les moyens de leurs ambitions, ou qui sont radins, ou qui ne voient aucun intérêt à engraisser tant notre monopole que les aristos vivant qui à Reims, qui à Épernay…
Coup de coeur
Mon coup de coeur de l’automne devenu hiver : le champagne Gonet-Medeville Premier Cru Cuvée Tradition, à 51,75 $, à la fois brioché et rancio – odeur de noix, de figue, parfois aussi de raisin sec –, vif et pas trop dosé (6 g).
Autre très belle bouteille, le Veuve Clicquot Vintage 2008, Finesse, suavité, saveurs délicatement épicées, dosage modéré (moins de 7 g), persistance notable et finale légèrement toastée. Celui-là, par contre, se vend le double du prix du précédent : 105,75 $. Et non, désolé, vous n’allez pas m’entraîner dans le débat à savoir s’il est vraiment deux fois meilleur que l’autre, et patati, et patata.
L’argent n’est pas un objet ? Vous comprenez, n’est-ce pas ? Alors go, pas de chichi, cap sur le Clicquot.
Avant d’aller plus loin, et au cas où les tièdes amateurs de champagne voudraient nous fausser compagnie, un mot sur deux excellents achats à faire dans la catégorie Mousseux, moins chers et à peine moins bons que le « grand vin » : le Crémant de Bourgogne Louis Bouillot Perle Rare 2014 [21,60 $] et le Roederer Estate, de Californie [32,85 $].
Retour aux champagnes. En vrac, parmi l’offre foisonnante, on ne se trompera pas par ailleurs avec les Drappier (Carte d’Or et Zéro Dosage), Paul Goerg, Henri Abelé, Delamotte, Louis Roederer, Gosset et Henriot.
Mention spéciale, à propos, pour le Henriot Rosé [108 $], à la fois excellent et hors de prix – on reste dans le ton…
En terminant, j’allais l’oublier, un mot sur l’étonnant mousseux néo-zélandais Kim Crawford Small Parcels Fizz 2012 [29,60 $], légèrement brioché, floral également, pas trop sucré (9,4 g) et avec un bon tonus.
Le Petit Larousse des vins
Parmi les nouveautés de fin d’année – et outre les guides d’achat de mes collègues et amis dont je ne puis évidemment dire que le plus grand bien –, vient de réapparaître Le Petit Larousse des vins, édition mise à jour en 2017.
J’ouvre le bouquin, je me dis tiens, allons tout de suite voir s’ils parlent du Canada viticole, souvent ils se contentent de nous mettre dans le panier « Est du continent américain ».
Surprise : non seulement nous y sommes à part entière, mais le Québec aussi a droit à son chapitre.
Sauf que là, cette énorme bévue : parmi les meilleurs producteurs de chez nous, Larousse cite l’Orpailleur (bien d’accord !), le Cep d’Argent (si l’on veut) et… Dietrich-Jooss.
Remarquez, le grand Victor Dietrich doit, à bon droit, arborer un petit sourire dans sa tombe, lui qui est mort voilà 15 ans, son vignoble ayant disparu, toutes les vignes arrachées, moins d’un an après son départ…
Autre erreur : Larousse dit qu’il n’y a que trois domaines viticoles en Nouvelle-Écosse, et seulement 60 ha de vignes. La réalité : à elle seule, la Winery Association of Nova Scotia compte aux dernières nouvelles 11 domaines, et la province abrite par ailleurs plus de 60 viticulteurs qui se partagent 800 acres, soit plus de 300 ha. La vénérable maison d’édition française ne dit rien, évidemment, sur les vins mousseux néo-écossais, dont ceux, réputés à l’international, de Benjamin Bridge.
J’ai refermé l’ouvrage sans avoir le goût d’aller plus loin. Aurait-il été si compliqué, une fois le chapitre Québec rédigé, même chose pour celui sur la Nouvelle-Écosse et allez savoir pour quel autre encore, de le faire suivre à un connaisseur du cru, pour qu’il valide l’information proposée ?
C’est en tout cas, sinon pour 2018 du moins pour la prochaine réédition du Larousse des vins, le cadeau que l’on souhaite à l’industrie viticole québécoise.
Quant à vous, bouillants amateurs, joyeux drilles jeunes et vieux, une excellente fin d’année et à très bientôt.
Bisous ! Cognement de jointures ! Poignée de main ! Poignée d’amour ! (oups, s’cusez).
Marc
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