Les bons achats de Marc – décembre 2017

Droit au but
par Marc Chapleau

Marc Chapleau

Le changement, a coutume de dire la tante d’une bonne amie, c’est de l’agrément. Encore plus amusant, comme déclaration, si l’on prononce la dite devise avec un accent québécois prononcé, les « ent » devenant des « in ». (Clin d’oeil, ici, à nos compatriotes français et peut-être aussi belges.)

Bon. Le changement en question, c’est que je vous donne à boire d’entrée de jeu cette semaine. Pas d’états d’âme, pas de confessions au préalable. Nan. Direct dans l’net.

Le plus court chemin parfois, c’est bel et bien la ligne droite…

À tout seigneur, tout honneur, commençons par l’excellent Christophe Pacalet Beaujolais Blanc 2016, à base de chardonnay, vif et tendu, avec une pointe d’acidité volatile et une touche fumée, rappelant la pierre à fusil. Finale aux accents tropicaux (la mangue) mais sans lourdeur, avec beaucoup de fraîcheur.

On reste dans la grande Bourgogne avec le Château Fuissé Pouilly-Fuissé Tête De Cru 2014. Fenouil, anis, la pierre à fusil ici aussi un peu : belle complexité aromatique d’entrée de jeu. Empreinte boisée plus manifeste en bouche, un léger goût de caramel, mais rien d’excessif, le vin demeure à la fois généreux et bien soutenu par son acidité. Des airs, cela dit sans condescendance, de petit meursault.

Toujours en blanc, mais d’Italie à présent, le Tormaresca Chardonnay Puglia 2016. Tiens tiens, Antinori, chef de file en Toscane depuis des lunes, installé aussi dans les Pouilles… Le résultat ? Un chardo assez corsé, qui sent et goûte la poire ainsi que l’ananas. Très bonne acidité cependant, une finale assez mordante même, un ensemble bien dessiné et d’une bonne fraîcheur, sans boisé apparent.

Un rosé maintenant, histoire de transiter en douceur vers les rouges.

Le Château La Tour De L’évêque Rosarté 2016 est un rosé provençal bio de belle facture, avec un léger résiduel (2,4 g) mais bourré de fraîcheur, avec une texture serrée, un brin tannique ; le vin est relativement corsé, par ailleurs – pas certain qu’à l’aveugle je n’aurais d’abord pas dit « Languedoc ». Belle bouteille pour la table, par exemple avec une paella.

Place aux rouges cette fois, et tandis que j’ai encore toute votre attention, je commence par le meilleur du lot.

Le Vina Tondonia Rioja Reserva 2005 n’est pas donné, à 52 $, mais on n’est pas loin du grand vin, si on n’y est pas carrément. Ce Tondonia, longuement vieilli avant d’arriver sur le marché, réussit à être à la fois puissant et élégant, savoureux, concentré, et en même temps digeste, superbement tendu, soutenu par l’acidité et la trame tannique. Se boit très bien maintenant (par ici, le steak !) mais pourrait sûrement gagner à vieillir encore quelques années en cave.

Du Rhône, deux excellentes bouteilles. D’abord le Chave Offerus Saint-Joseph 2014. Année après année, une valeur sûre que ce côtes-du-rhône septentrional à base de syrah, légèrement réduit à l’ouverture comme on est en droit de s’y attendre, mais quelques minutes d’aération suffisent pour ramener le fruit à l’avant-plan. Élégance, souplesse, caractère à peine corsé, des notes florales en finale. Également disponible en magnum – un beau format pour les Fêtes qui approchent.

Puis le Les Vins de Vienne Saint-Joseph Rouge 2015 : on ne peut plus saint-joseph avec son fruit et son élégance, sa délicatesse également. Notes florales et parfumées au premier nez, un peu de réduction aussi, saveurs à peine corsées, relativement acidulées. Ensemble d’une belle fraîcheur, sans boisé intempestif, qui se laisse boire.

Retour en Bourgogne avec le Fougeray de Beauclair Bourgogne 2016 et le Mommessin Grandes Mises Saint-Amour 2015. Le premier est un excellent vin typé, aérien, bien fruité et bien texturé. Beaucoup de fraîcheur, finale épicée (la cannelle), finesse de l’ensemble. L’autre, le Saint-Amour, est un beaujolais de haute volée, élevé à la bourguignonne (d’où le concept de « grandes mises »), assez corsé, tendu, minéral, légèrement tannique et avec un reste de gaz carbonique qui tonifie le tout. Gagnerait à reposer au cellier une couple d’années.

Quant à lui, le Mas Des Chimères Nuit Grave 2015 est un très bon rouge du Languedoc et plus précisément des Terrasses du Larzac, à l’acidité croquante, avec de la minéralité et autour de tout ça une bonne masse de fruit. De la fraîcheur, et un excellent rapport qualité-prix.

Autre bonne bouteille, l’espagnol Araex Essencia Finca No 1 Ribera Del Duero 2015 : violacé, réglissé, saveurs nerveuses, des tannins relativement marqués, empreinte boisée bien présente mais aussi bien intégrée, facture moderne de l’ensemble, très réussi, la profondeur et la persistance sont là.

Enfin, dernier mais non le moindre, l’Errazuriz Aconcagua Alto 2015 est un cabernet sauvignon d’excellente tenue, corsé mais avec aussi une trame acidulée – une caractéristique jusqu’à ce jour encore assez peu fréquente, s’agissant d’un rouge chilien. Boisé bien dosé, qui plus est. Notes fumées-brûlées qui auraient pu, à l’aveugle, orienter vers l’Afrique du Sud. À un peu plus de 20 $, une très bonne affaire.

Marc

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