Les bons achats de Marc – Septembre 2017
Pivot, météo, eldorado
par Marc Chapleau
Quatre saisons à la Romanée-Conti, un excellent documentaire français réalisé en 2010 et qui propose une incursion dans le domaine viticole le plus prestigieux et le plus secret au monde, vient de repasser à Télé-Québec.
On y entend notamment Bernard Pivot, le célèbre auteur, dire : « Lorsqu’on trempe ses lèvres dans un verre de Romanée-Conti, on ne boit pas seulement un vin exceptionnel, on boit de la géographie, de l’histoire, on boit aussi et surtout de la mythologie… »
Comment ne pas être d’accord ?
En même temps, j’éprouve personnellement un léger malaise, à chaque fois que j’entends ce type de discours sinon carrément emphatique, du moins un brin théâtral.
Le vin, pas de doute là-dessus, est le plus complexe, le plus attachant et le plus vivant des produits de la terre.
Mais à trop donner dans le dithyrambe, à dire par exemple (je l’ai déjà entendu à quelques reprises) que telle ou telle bouteille nous a ému au point de nous faire pleurer, que le vin, c’est rien de moins que le sang de la terre versé pour nous… je ne sais pas, voilà de la sensibilité exagérée à mes yeux, de la sensiblerie. J’ai aussi et surtout l’impression que cette attitude creuse le fossé avec l’amateur ordinaire, que cela place de facto le vin – et ses ardents admirateurs – sur un embarrassant piédestal.
Alors que, il ne faut pas l’oublier, on ne parle après tout que de jus de raisin fermenté. Cela dit sans vouloir cracher dans la soupe ou me tirer dans le pied…
La météo pour demain
Elle n’est pas météorologue du tout, bien qu’elle porte beaucoup de chapeaux. Mais Michelle Bouffard, notamment déjà sommelière, animatrice, formatrice, chroniqueuse et bientôt auteure, ajoute une autre corde à son arc : organisatrice de la première conférence à se tenir au Canada sur l’impact des changements climatiques dans le monde viticole. Vu qu’elle est aussi, à la base, une trompettiste accomplie, on peut parler d’une véritable femme-orchestre.
Son événement, qui promet, aura lieu le 31 octobre prochain, aux HEC, à Montréal, de 9 h à 13 h 30. On trouvera toute l’information nécessaire et on peut acheter des billets (55 $) sur le site www.tastingclimatechange.com
Parmi les conférenciers invités, le Québécois Steven Guilbeault, le biologiste anglais Jamie Goode et Pedro Parra, géologue chilien spécialiste des terroirs.
Sait-on jamais : peut-être y apprendrons-nous que le Québec sera, à terme, le prochain eldorado viticole ?
~
À BOIRE, AUBERGISTE
D’ici là, savez ce que c’est, il faut s’hydrater, c’est bien important. Voici donc mes suggestions de la semaine, histoire de débarquer à la SAQ ou de commander en ligne en toute connaissance de cause. Santé !
Calera Pinot Noir Central Coast 2014 – Du graphite et une pointe de fumée au premier nez, saveurs un peu plus que moyennement corsées, du fruit mûr en abondance, de la profondeur, un bon support acide, une finale boisée épicée. Un excellent pinot californien !
S De Sablette Côtes-De-Provence Rosé 2016 – Un très bon rosé élaboré par les Grands Chais de France. Vif et plutôt tendu, bien sec (1,8 g), relativement corsé et avec des notes de tabac frais, en finale. Bel équilibre d’ensemble.
Domaine Du Tariquet « Côté » Chardonnay / Sauvignon 2016 – Un très bon blanc du sud-ouest de la France, de Gascogne plus précisément, vif et fruité, marqué par une odeur de pamplemousse. Du sucre résiduel (7 g), mais l’acidité nécessaire pour que la fraîcheur soit préservée. Reste de gaz carbonique qui avive le tout. À noter, le taux d’alcool, à seulement 11,5 %.
Terrazas De Los Andes Malbec Reserva 2015 – Convaincant malbec argentin, très moka au premier nez sans que le boisé ne soit envahissant, des notes viandées et de mûre, également ; bonne profondeur aromatique. En bouche, ce rouge est à la fois souple et corsé, généreux et bien pourvu en acidité. Finale sur la fraîcheur. Vaut tout à fait son prix à peine au-dessus de la barre des 20 dollars.
Jean-Claude Boisset Hautes-Côtes-De-Beaune 2015 – Excellent pinot noir bourguignon de la maison Boisset, d’une belle pureté de fruit, minéral aussi, assez corsé et à la texture serrée. Un hautes-côtes-de-beaune généreux, finement boisé, qui gagnera par ailleurs à respirer ou, sinon, à patienter deux ou trois dans le cellier. Un 2015 d’une fraîcheur étonnante, avec de l’éclat.
Château Mont-Redon Lirac Blanc 2016 – Quel beau vin du Rhône ! Généreux, vif et épicé, miellé aussi, à peine boisé. L’ensemble, corsé par ailleurs, est d’une convaincante pureté. Pour mémoire : assemblage de clairette, grenache blanc, roussanne et viognier.
Antinori Pian Delle Vigne Brunello Di Montalcino 2012 – Délicieux rouge toscan à base de sangiovese, au nez floral évoquant aussi la meilleure grappa ; en bouche, c’est suave et fondu, mais avec aussi de la profondeur et une solide structure. Des airs de grand bourgogne, pour tout dire, dans ce vin élégant, à la finale réglissée, qui se conservera par ailleurs plusieurs années au cellier.
Marc
Note de la rédaction: vous pouvez lire les commentaires de dégustation complets en cliquant sur les noms de vins, les photos de bouteilles ou les liens mis en surbrillance. Les abonnés payants à Chacun son vin ont accès à toutes les critiques dès leur mise en ligne. Les utilisateurs inscrits doivent attendre 30 jours après leur parution pour les lire. L’adhésion a ses privilèges ; parmi ceux-ci, un accès direct à de grands vins!