Les bons achats de Marc – Août 2017

Les 5 commandements
par Marc Chapleau

Marc Chapleau

L’été s’est installé, enfin. Et vous êtes nombreux, je le sais, à profiter des joies du plein air et notamment du camping, qui sous la tente, qui en roulotte, qui en Winnebago et autres véhicules assimilés…

À tous ceux-là, sans distinction, je propose aujourd’hui un petit « Guide du parfait oenophile sur la route ».

Voici donc mes cinq commandements à suivre en la matière. S’il n’y en pas dix, comme on aurait pu s’y attendre, c’est que je ne suis pas du type directif et que je ne veux pas vous ennuyer ou vous retenir trop longtemps. Mon côté gentil, on peut dire ça.

# 1 – Les bouteilles bouchées liège tu éviteras, et les capsules dévissables tu privilégieras. Comme ça, pas de risque (ou si peu) de tomber sur des bouteilles bouchonnées et donc nul besoin de trimballer des back-ups – des « roues de secours », comme dit joliment Jacques Benoit, l’ex-chroniqueur de la Presse.

# 2 – De bons verres, quand même, tu apporteras. Et ça ne signifie pas nécessairement boire dans du verre ou du cristal ; les GoVino, par exemple, gobelets légers aux parois minces, en plastique et sans pied, font très bien le boulot.

# 3 – De bonnes bouteilles tu ouvriras, mais des trop gros canons tu te garderas. Loin de moi l’idée de jouer les rabat-joie et les empêcheurs-de-Désy-en-rond : c’est juste qu’en plein air, on goûte moins bien. La faute au vent, souvent, qui dissipe les odeurs ; la faute à notre esprit aussi, alors plutôt relâché, limite zombie, pas du tout critique, qui n’incite pas à se concentrer pour bien déguster. Moralité : viser le moyen de gamme, et peut-être même descendre parfois au ras les pâquerettes avec un bon petit vin à dix piastres.

# 4 – En visite chez l’oncle Sam, du prix des vins vendus en épicerie tu te régaleras, et les plus récents millésimes tu achèteras. Si le choix aux États-Unis n’est en règle générale pas aussi grand que dans une grosse succursale de la SAQ, en revanche les prix peuvent faire saliver. Dans tous les cas de figure, qu’il s’agisse d’un blanc, rouge ou rosé, privilégier le dernier millésime, 2016 ou encore 2015. Le vin risque moins ainsi d’avoir longtemps séjourné sur les rayons, et il devrait être plus sur le fruit, comme on dit. Or en camping, ou sur la terrasse, ce style de vin qu’on sert plutôt frais passe mieux.

# 5. – En revenant au pays, les douaniers bien sûr tu n’indisposeras pas, et à tout prendre, de la bière, plutôt, tu rapporteras. Chaque voyageur a en effet droit, après le séjour minimum requis, à 24 bouteilles de 330 ml de bière ordinaire, titrant autour de 5 pour cent d’alcool. Parce qu’il n’y a pas que le vin, dans la vie…

Voilà pour mon quinqualogue.

Si vous avez des suggestions qui nous permettraient d’être plus kosher et de monter à dix commandements, je suis tout ouïe !

À BOIRE, AUBERGISTE

Maintenant qu’on se déplace ou qu’on reste peinard chez soi, il faut bien boire. Voici quelques suggestions parmi les bonnes bouteilles que j’ai ouvertes, ces derniers temps.

Veuve Ambal Crémant de Bourgogne – Un très bon crémant à base de pinot noir et de chardonnay, brioché et nerveux bien que le dosage soit relativement élevé (10 g). L’équilibre n’en est pas moins préservé, et le rapport qualité-prix est bon.

Château Mourgues Du Grès « Galets Dorés » 2016 – Un excellent costières-de-nîmes blanc, généreux et bien pourvu en acidité, sans boisé apparent – ou sinon, très bien intégré. Légère amertume, finale miellée aussi sur le foin coupé, impression de fraîcheur. Avec des pétoncles, du saumon, etc.

Domaine La Madura « Classic » Saint-Chinian 2014 – Excellent rouge du Languedoc, savoureux et tendu, bourré de fraîcheur et pas du tout dénué d’élégance. Il y a sûrement du vieux carignan là-dedans… Très bon rapport qualité-prix.

Robert Mondavi Oakville Cabernet Sauvignon 2013 – Encore très jeune, le vin n’a pas digéré son bois, notamment, il a besoin de temps (3-5 ans) pour se fondre. Cela dit, la concentration et la profondeur sont au rendez-vous, le potentiel est indéniable. À défaut d’en acheter et de le mettre au cellier, le carafer plusieurs à l’avance.

Easton Natoma Sauvignon Blanc Sierra Foothills 2013 – Des airs de pessac-léognan dans cette belle bouteille californienne aux accents à peine sauvignonnés et plutôt légèrement tropicaux (ananas), et très engageants. La bouche suit, boisé superbement intégré, du corps et de la générosité mais aussi de la tension, de l’acidité. À 26 $, un très bon rapport qualité-prix.

Château De Miraval Côtes-De-Provence Rosé 2016 – Officiellement séparés, les Jolie-Pitt sont toujours mentionnés côte à côte sur la contre-étiquette de ce rosé par ailleurs plutôt gourmand, à la texture ronde et enveloppante, et avec juste ce qu’il faut d’acidité pour garder l’ensemble en équilibre. Réussi !

San Felice Chianti Classico 2015 – Cuir et feuilles mortes au premier nez, aussitôt suivies de notes de cerise bien mûre. La bouche suit, mi-corsée, relativement gourmande sans sacrifier à l’astringence et donc à la typicité. Bon dosage du bois et bon équilibre d’ensemble. Amertume notable, qui appelle la nourriture.

Bianco di Morgante 2016 – Un blanc sicilien à base de raisins rouges – à part en Champagne, on voit ça peu souvent. Résultat : un bon vin mi-corsé, aux notes légèrement tropicales et à l’acidité étonnamment marquée, compte tenu des origines méridionales.

Marc

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