Le temps des fêtes
Hors des sentiers battus
par Marc Chapleau
Noël approche, et les préparatifs vont bon train. Jusqu’ici, rien de nouveau sous le soleil, d’année en année le même refrain. La différence peut-être, celle que je vous propose, c’est de passer en revue aujourd’hui une dizaine de vins qui sortent des sentiers battus… parce que relativement chers.
Je sais, je sais, tous n’ont pas envie de mettre beaucoup d’argent sur des bouteilles ; j’invite d’ailleurs ceux-là à surveiller la publication, jeudi prochain, le 22 décembre, de nos bons achats du mois, toujours de très bons rapports qualité-prix sélectionnés par l’équipe de Chacun son Vin.
Quant aux autres… pleins aux as, qui ont envie de s’offrir une petite folie ou qui ne détestent tout simplement pas rêver un peu, suivez le guide ! Vous allez voir, j’ai beau m’égosiller, je garde les deux pieds sur terre, mes suggestions ne devraient ruiner personne.
On commence d’ailleurs en douceur, à seulement 30 $ et des poussières, avec le Priorat Gratavinum 2πR Parés Balta 2011, un rouge catalan corsé et boisé – vanillé, même. De la profondeur, par ailleurs, et un bon équilibre d’ensemble.
Maintenant… au diable le regroupement des vins par couleur, par région ou par pays : faisons du coq à l’âne, et allons-y dans l’ordre ascendant des prix — en souhaitant vous garder jusqu’au bout, d’autant qu’il y a du dessert à la fin.
À 36,75 $, le rouge toscan Castello di Volpaia Chianti Classico Riserva 2013, issu d’une sélection des meilleures parcelles du domaine, est de grande tenue, corsé, concentré, structuré et réglissé, avec une acidité tonifiante (merci au sangiovese). Encore jeune, il gagnerait à reposer trois ou quatre ans en cave — bien qu’il soit excellent dès maintenant.
Le Marques de Murrieta Rioja Gran Reserva 2007, soyez prévenu, est très très boisé… mais aussi très bon. Ah, l’histoire d’amour entre le rioja et le chêne américain ! Le vin est corsé et intense, c’est clair, mais la profondeur est là, derrière le bois. Bon goût de raisins secs, acidité marquée (même un peu de volatile), des tannins fondus… À moins de 38,75 $, un excellent achat. Mais répétons-le : il faut aimer le bois !
Assurément plus consensuel que ce dernier espagnol, le Masi Costasera Amarone della Valpolicella Classico 2011 [41,75 $] sent le café torréfié au nez, on retrouve de la cerise derrière, il a un caractère à la fois riche et élégant, avec une superbe fraîcheur.
Place à un autre amarone, étonnamment vif, légèrement sucré (moins de 6 g), cela va à peu près de soi, mais sans lourdeur bien que le vin titre 15 pour cent d’alcool. On note même une certaine finesse, dans ce rouge de Vénétie qu’est le Tedeschi Amarone Della Valpolicella Classico 2012. [42,50 $]
On reste en Italie, mais en Toscane cette fois avec le convaincant Brunello di Montalcino Argiano 2011, relativement évolué, au caractère à la fois fondu et acidulé – étant donné le cépage, du sangiovese. Très bon rapport qualité-prix même si on parle de 51 $.
Louis Latour Pernand-Vergelesses « En Caradeux » Premier Cru 2013 — Nous voilà rendus en blanc, et en Bourgogne. Pointe d’acidité volatile et une note de fumée-silex dans ce vin de la Côte de Beaune, aux accents boisés; en bouche, le vin est ample et profond. Excellent ! [55,25 $]
À l’autre bout du monde, ou presque, le Mondavi Pinot Noir Reserve Carneros 2014 est à la fois costaud, épicé et vif, avec une belle pointe d’acidité et pratiquement pas de sucre résiduel (3,1 g). Composante boisée marquée, mais très bien intégrée. Chapeau ! [60 $ ]
Napa Valley 1882 Inglenook 2013 — Un Cabernet californien tout à fait sec (à peine plus de 2 g), étonnamment fin, au boisé superbement fondu, à la fois généreux et classique. Bordeaux n’a qu’à bien se tenir – et d’ailleurs, c’est un Français, Philippe Bascaules, aujourd’hui à Château Margaux, qui vinifie aussi là-bas, à ce domaine appartenant à Francis Ford Coppola. [66,25 $]
Louis Latour Meursault Blagny Premier Cru 2012 — Un grand bourgogne blanc, au boisé marqué au nez, mais qui cède rapidement la place à des nuances miellées et citronnées. Les saveurs suivent, à la fois fines et puissantes, d’une belle pureté. Pas donné, mais qu’est-ce que c’est bon… [99,25 $]
On finit pour ainsi dire hors catégorie, avec le dessert et l’exquis Taylor Fladgate Tawny 20 ans, un porto égal à lui-même, complexe, pas trop sucré, qui conjugue puissance et élégance. [39 $ la demi-bouteille]
Autre remarquable digestif, le Les Bienheureux Bellevoye Triple Malt, un whisky français finement tourbé, non fumé, plutôt épicé, avec des saveurs à l’avenant. Tout bonnement délicieux ! [69 $ les 700 ml]
Marc
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