Les bons choix de Marc – janvier 2016
Vade retro, Séraphin !
par Marc Chapleau
Normalement, à ce temps-ci de l’année, après les Fêtes, l’heure est à la retenue, pour ne pas dire à la morosité. Le high est passé, disparue la savoureuse fébrilité. Place à l’hiver qui s’est finalement installé — et ce ne sont pas les quelques minutes qui s’ajoutent aux journées qui vont vraiment y changer quelque chose…
L’antidote au spleen post-Bye Bye 2015, la clé, c’est de gérer le décrescendo.
On parle bel et bien de sevrage, ici, et cela vaut bien sûr aussi pour notre consommation de vin, qui a frôlé les sommets au cours des dernières semaines.
Autrement dit, ce n’est pas parce qu’on s’est éclatés des jours durant avec de belles bouteilles qu’il faut tout de suite se mettre à rechercher les vins à moins de 15 $. N’en déplaise à cette sournoise ennemie prénommée Culpabilité. Et tant pis, aussi, pour la carte de crédit, qui est bien capable d’en prendre encore un peu, juste quelques ravissantes fioles encore, après on va se calmer et revenir à l’austérité budgétaire, promis…
Car il faut vraiment soigner sa chute, c’est une question de survie. Adoucir la glissade, se ménager quelques répits : un bon vieux porto riche et généreux ici, un beau bourgogne rouge parvenu à maturité là, et cetera.
Ce que j’entends par là, c’est qu’il faut boire, d’ici la fin janvier, un peu comme si c’était encore le temps des Fêtes. Souplesse, malléabilité, nostalgie, homéopathie…
Un peu, j’ai dit. Pas question de siffler des quilles d’enfer tous les jours, comme des têtes brûlées. Juste à les espacer : une le mercredi (c’est le milieu de la semaine, il faut pouvoir tenir le coup), une autre le vendredi (super ! on a passé à travers la semaine) et il va sans dire une couple de bouteilles, facile deux ou trois, le samedi et peut-être même aussi le dimanche (pour des raisons évidentes, come on, c’est la fin de semaine).
À boire, aubergiste !
D’où ma sélection de bonnes bouteilles, ci-dessous. Pas hors de prix, mais pas nécessairement données non plus. Libre à vous de chipoter, cela dit, et de singer Séraphin Poudrier. Perso je me sentirais plus Bidou Laloge, vous comprenez
Château de Maligny 1er cru Montée de Tonnerre 2014 : Chablis premier cru vif et minéral, marqué par une odeur de pierre à fusil. Le vin est tout à fait sec par ailleurs, comme il faut s’y attendre avec cette appellation. À ne pas servir trop froid, au risque d’accentuer son mordant et dans le but avoué de mieux révéler sa texture, qui s’exprimera mieux aux environs de 10 C. Prix (36 $) mérité.
Champagne de Sousa Tradition Brut : famille d’origine portugaise implantée en Champagne depuis trois générations, et qui conduit ses vignes en biodynamie. Couleur jaune légèrement doré et plutôt foncé, beaucoup d’effervescence à l’ouverture de la bouteille, nez engageant, l’olive verte, le foin coupé, quelque chose d’épicé et de légèrement sucré aussi. Les saveurs suivent, de la finesse et de la vivacité, et par-dessus le marché du gras, une texture relativement enrobée. Discret rancio en finale. À 56 $, un excellent rapport qualité-prix !
La Rosa 2012 Douro : Très bon rouge portugais du Douro, patrie du porto. Superbe acidité, par-delà la générosité (14,5 pour cent d’alcool) ainsi que le caractère boisé et corsé bien trempé. Amertume de bon aloi en finale. L’un des meilleurs rouges secs du secteur, à n’en pas douter. Et un prix – un peu plus de 22 $ – tout à fait justifié.
Mas Amiel Vers le Nord Maury sec 2013 : Assemblage de grenache noir et d’un peu (10 %) de syrah. Très beau nez floral, des notes d’agrumes s’ajoutent, d’épices également, on a vraiment l’impression d’avoir affaire à un maury sec. En prime, un caractère un tantinet animal, vraisemblablement apporté par la syrah. Bouche à l’avenant, à la fois puissante et toute en fraîcheur. Saveurs par ailleurs corsées sans lourdeur aucune, même assez fines. (36 $)
Ama Chianti Classico 2013 : Assemblage constitué à 96 % de sangiovese, auquel on a adjoint une touche de merlot. La grande fraîcheur et un caractère très digeste, facile à boire sans pour autant que la générosité et une certaine profondeur ne soient au rendez-vous. Le vin est peu corsé, cela dit, il ne fait que 12,5 pour cent d’alcool. Prix (27 $) tout à fait mérité.
Nicolas Potel Bourgogne Pinot Noir 2014 : Très bon bourgogne rouge d’entrée de gamme, bien typé et en même temps relativement charnu, pas trop acidulé bien que le vin demeure tendu. Bonne masse de fruit, par ailleurs, et finale assez persistante. Très réussi ! (24,50 $)
Vina Tondonia Rioja Reserva 2003 : Fraîcheur, élégance, saveurs fondues et à peine corsées, superbe acidité, prêt à boire. La classe ! On a l’impression de boire un beau bourgogne, c’est dire. (43,75 $)
Maudite culpabilité !
J’étais bien parti, avec mes suggestions pas vraiment à petit prix. Mais là, soudain, parce que j’ai tout de même une conscience, je me dis : je ne vais quand même pas les saigner à blanc, les pauvres…
Mes trois derniers vins sont donc tous à moins de 20 $.
Château Mayne-Guyon 2013 : Bon rouge à bon prix, à peine corsé, souple et savoureux, aux tannins peu marqués et très aimables. En finale, une discrète note de poivron vert. Pour mémoire : 70 pour cent de merlot dans cet assemblage revendiquant l’appellation blaye-côtes de Bordeaux. Et un bon rapport qualité-prix (18,40 $).
Borie de Maurel Esprit d’Automne 2013 : Assemblage 40 pour cent syrah, 30 pour cent grenache et 30 pour cent carignan. Un rouge du Languedoc, d’appellation minervois, mi-corsé et rafraîchissant, doté d’une bonne acidité. Pas de bois, que de la cuve béton, et un taux d’alcool en bride, à seulement 13 pour cent. Bon rouge tout-aller, qui sera polyvalent à table. (18,05 $)
Louis Roche Bourgogne Aligoté 2014 : Très bon aligoté, à la fois concentré et nerveux, avec une légère note fumée en finale. Léger (12 % d’alcool) et sec, moins de 2 g de résiduel, dieu que ça fait du bien… Prix attractif : moins de 18 $.
Hasta la vista ! (mais sans le baby)
Marc
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