Les bons achats de Marc – juillet

Chronique d’un gars ordinaire
par Marc Chapleau

Marc Chapleau

Marc Chapleau

J’ai eu une bonne dose d’empathie pour vous, cette semaine.

J’étais chez moi, accoudé au comptoir de cuisine, et j’ouvrais des bouteilles que je venais de me procurer à la SAQ. J’en avais acheté pour une centaine de dollars, quatre vins de couleurs et d’origines diverses. Une sélection faite au petit bonheur la chance, je connaissais bien sûr les appellations, les régions, après tout je patauge là-dedans à longueur d’année, mais je n’avais encore jamais goûté aucun de ces choix. On verra bien, m’étais-je dit en rempochant ma carte de crédit.

Rendu à la maison, je ne fais ni une ni deux : par ici le tire-bouchon, voyons voir si j’ai gagné le gros lot ou non. Résultat de la course : trois sur quatre me laissent sur ma soif. Pas mauvais, mais pas terribles non plus.

J’ai trouvé ça frustrant ! L’impression d’avoir gaspillé mon argent. Et encore, le vin est pour moi un outil de travail, une fourniture de bureau en quelque sorte, qui me permet de gagner ma vie. Cela compense, au moins un peu.

Mais pour le monde ordinaire…

Pas étonnant, alors, que bien des gens rachètent à répétition le même vin. Le même rouge, le même blanc. Une fois que t’en as trouvé un qui fait l’affaire, qui goûte bon et qui est ok niveau prix, pourquoi prendre des risques ?

LA MAIN TENDUE

C’est bien entendu pour ça que les guides et les chroniques sur le vin existent. Et je ne pense pas qu’à nous, à Chacun son Vin. Au Québec, quand on ne sait pas trop sur quelle bouteille arrêter son choix, on peut aller se renseigner à gauche et à droite. Cela dit, la recommandation d’un expert ne garantit rien : possible que vous aimiez le vin encensé, possible que non.

L’idée, on en a déjà abondamment parlé, est de trouver celui ou celle avec qui, d’ordinaire, on a des atomes crochus. Celui ou celle, autrement dit, qui a en gros les mêmes goûts que nous. (Et notez bien qu’on peut retourner l’équation à l’envers, et cibler spécifiquement les vins que tel ou tel chroniqueur n’aime pas, justement parce qu’on sait d’expérience que ce sera alors tout à fait dans nos cordes.)

Tordu, non ? Nous entretenons en effet, vous les consommateurs et nous, les « connaisseurs », une relation parfois compliquée, parfois même de type amour-haine.

On nous bénit, j’en suis sûr, quand on fait par exemple découvrir un bon vin pas cher qui, effectivement, à la maison, dans le verre, s’avère plus que correct. Et on nous honnit – ça me fait de la peine de le dire – lorsqu’on vous dirige vers une bouteille soi-disant d’exception, disons un rouge du Jura, de Savoie ou une autre « obscure » région du genre, devant lequel nous tombons en pâmoison mais qui vous laisse de marbre tant c’est mince, peu coloré, acidulé et, pour tout dire, insipide…

Courage ! La bonne nouvelle, on le disait tantôt, c’est qu’on peut vous échauder de la sorte une fois, deux fois peut-être, mais certainement pas trois.

Rendu là, vous serez passé à une autre conseiller, un autre chroniqueur, et fair enough, c’est bien tant mieux car c’est là la règle du jeu.

À boire, aubergiste !

Ijalba Maturana Blanca 2013 Ijalba Genoli Viura 2014Bien entendu, je ne vais pas vous laisser filer sans suggérer ici même une couple de bonnes bouteilles. Qui m’aime me suive, si vous voyez ce que je veux dire 😉

Genoli 2014 Rioja : Très bon blanc, vif et goûteux, et à la finale épicée. Du corps par ailleurs, ainsi que de la profondeur. Une autre belle réussite pour la maison espagnole Ijalba.

Ijalba Maturana Blanca 2013 : Très bon blanc de la Rioja, sorte de croisement, pardonnez-moi à l’avance pour cette errance, entre un chenin blanc et un chablis. C’est miellé et nerveux, même minéral oserais-je dire. Assez corsé, par ailleurs, et à réserver pour la table – avec le homard, les pétoncles, le saumon à l’oseille.

Francis Coppola Chardonnay Diamond Collection 2013 : Dans le style chardonnay à l’ancienne, vanillé, boisé et gourmand, très bien fait. Le fruit est là, l’acidité également, idem pour l’équilibre.

La Chablisienne Chablis Premier cru Côte de Léchet 2012  : Une autre belle réussite pour l’une des, sinon la meilleure, cave coopérative de France. Un côte-de-léchet minéral et fumé, citronné également, avec une excellente acidité.

Sancerre La Moussière 2014 : Un blanc de la Loire nerveux et finement marqué par son cépage, le sauvignon. Mais on est ici à Sancerre, où la notion de terroir a droit de cité et souvent même préséance. Belle texture à la fois suave et tissée serrée. Très bonne persistance, pour finir en beauté.

Domaine de Saint-Just Coulée de St-Cyr 2012 : Très bon vin blanc de la Loire, légèrement miellé et marqué par le chenin, et aux saveurs élégantes, à la fois nerveuses et retenues. Persistance notable, par-dessus le marché, et prix (25 $) bien mérité.

Francis Coppola Diamond Collection Gold Label Chardonnay 2013 La Chablisienne Chablis Premier Cru Côte De Léchet 2012 La Moussière Sancerre 2014 Domaine De Saint Just Coulée De St Cyr 2012

Domaine Rolet Arbois Poulsard Vieilles Vignes 2012  : Rouge du Jura

à la couleur orangée très pâle, on dirait presque un rosé ; peu de nez, pas bavard sur le plan aromatique ; plus convaincant en bouche : léger, pas très goûteux. À boire frais mais pas trop, disons une petite heure au frigo.

Joseph Faiveley Bourgogne 2012 : Le graphite au nez, sans que ce soit très boisé, puis des notes fruitées évoquant le pinot noir. En bouche, le vin a du corps, plus que bien des bourgognes génériques similaires, c’est poivré et bien dessiné. Belle réussite !

Domaine Rolet Père Et Fils Arbois Poulsard Vieilles Vignes 2012 Joseph Faiveley Bourgogne 2012 Banfi Brunello Di Montalcino 2010 Casa Lapostolle Cuvée Alexandre Cabernet Sauvignon 2012

Banfi Brunello di Montalcino 2010  : Odeur de vinyle, de l’acidité volatile un peu, pas encore très ouvert au nez. En bouche, on goûte le fruit bien mûr, les tannins sont à la fois marqués et serrés, et la persistance notable. À carafer une bonne heure à l’avance.

Casa Lapostolle Cuvée Alexandre Cabernet Sauvignon 2012 : Impossible (ou à peu près) de se tromper, c’est un typique cabernet-sauvignon chilien, aux notes végétales et chocolatées (le bois) à la fois marquées et relativement engageantes, pas déplaisantes. Fruit par ailleurs bien mûr, presque sucré. Finale un brin capiteuse, sans que cela n’engendre de déséquilibre.

Voilà, santé !

Marc

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