Les bons choix de Marc – Novembre
Vous allez y goûter !
par Marc Chapleau
On l’appelait encore naguère le Salon des vins et il se tenait aux deux ans. Aujourd’hui, on dit plutôt La Grande Dégustation, et l’événement est devenu annuel. Il s’inscrit par ailleurs dans la vaste campagne gastronomico-viticole Joyeux Novembre ! laquelle vise apparemment à stimuler la fibre consommatrice dès après l’Halloween, sans attendre que le véritable blitz de Noël ne s’enclenche, début décembre. À boire et à manger pendant la grisaille des prochaines semaines, c’est de bonne guerre.
Le verre et l’assiette… ça me fait penser à mon premier Salon des vins, en 1984, au Vélodrome devenu depuis le Biodôme.
À l’époque, le vin partageait l’affiche avec le Salon de l’agriculture — sans blague ! D’un côté les stands avec les bouteilles et de l’autre, pas très loin, parfois vraiment tout près, les vaches, les chevaux, les chèvres et leur cortège de senteurs animales. Nous, amateurs de la première heure, avons vraiment été exposés très tôt aux odeurs de brettanomyces…
Autrement, ce qui n’a pas changé, c’est que l’occasion est toujours belle, cette année du 6 au 8 novembre à Montréal à la Place Bonaventure, de découvrir en un seul lieu une vaste gamme de vins et de spiritueux provenant d’un peu partout dans le monde.
Nous pourrons aussi peut-être nous voir, vous et moi, puisque Chacun son vin aura pignon sur allée, en l’occurrence le stand B08, près des bornes de commandes privées de la SAQ.
J’y serai essentiellement jeudi (journée réservée aux gens de l’industrie) et vendredi, en principe jusqu’en soirée. Pas sans bouger, bien sûr, si bien que vous me verrez peut-être plutôt dans un couloir, ou en train de déambuler, de déguster ou de recracher une gorgée…
D’ici là, voici quelques conseils pour mieux réussir son passage à La Grande Dégustation.
QUELQUES CONSEILS EN VRAC
– D’abord, se trouver si possible un ou une complice, ne pas y aller seul. On peut alors s’échanger non seulement des impressions, mais aussi les verres et les portions de dégustation, ce qui permet de goûter deux fois plus de vins pour le même prix.
– Établir un plan de match, un plan d’attaque. Impossible de tout goûter — vous finiriez à quatre pattes en moins de deux. Par exemple, si vous aimez les pinots noirs mais que vous n’avez pas la chance d’en essayer beaucoup, ciblez par exemple la Nouvelle-Zélande et la Bourgogne et identifiez à l’avance, à l’aide du programme, les stands qui proposent de ces vins. Comme ça au moins, vous repartirez avec de nouveaux points de comparaison. Vous saurez probablement aussi quoi acheter, la prochaine fois que vous irez à la SAQ.
Remarquez qu’il est aussi bien sûr possible d’y aller au jugé, sans itinéraire prédéterminé. De bonnes chances alors que vous passiez à côté de quelques belles bouteilles, mais probable, en revanche, que vous découvriez telle ou telle appellation méconnue, voire pays producteur dont vous n’aviez jamais suspecté l’existence — l’Arménie ou le Liban, par exemple.
– Ne pas hésiter à demander à ce qu’on vous verse seulement des demi-portions : au lieu, par exemple, de 4 coupons, on n’en exigera que 2 et vous pourrez ainsi goûter à encore plus de vins. Encore une fois, même avec cette ration diminuée de moitié, il y en aura assez pour partager une gorgée avec votre complice.
– Maintenant, pour que la Grande Dégustation ne devienne pas quelque chose comme la Grande Débacle… crachez, pour l’amour de Dieu ! Je sais je sais, c’est loin d’être évident. Le plus souvent, on se positionne au-dessus du seau et tout ce qu’on arrive à faire, c’est de dégouliner, ça coule le long du menton de manière tout à fait inélégante. C’est d’ailleurs pour ça, après s’y être essayés, que bien des gens préfèrent s’abstenir. Erreur ! Prenez votre courage à deux mains et débarrassez-vous d’un maximum d’alcool.
Pas évident, non plus, de recracher quand on a payé sa portion (maudits coupons !). Compromis : n’avalez que les meilleurs, en principe acquis à plus fort prix.
– Dans tous les cas de figure, ne bloquez pas l’accès aux crachoirs (avis aux organisateurs : il devrait y en avoir un peu partout dans les allées et pas juste aux stands) et ne vous incrustez pas non plus, monopolisant un producteur durant de longues minutes alors que d’autres amateurs comme vous attendent derrière…
– Enfin, si possible, évitez de vous présenter à l’événement le vendredi soir et le samedi en après-midi. La foule est d’ordinaire alors dense, c’est souvent la cohue, ça joue du coude, bref, ça risque d’être un peu le bordel…
À boire, aubergiste !
À la Grande Dégustation, on a l’embarras du choix. Dans une SAQ aussi, du reste. Voici donc quelques bonnes bouteilles que je vous recommande, si vous passez par un des magasins du monopole.
En blanc, d’Alsace, le Pfaff Black Tie 2012 a un nom affreux mais il s’agit d’un savoureux assemblage de pinot gris et de riesling. D’Italie maintenant, de Toscane plus précisément, le Frescobaldi Castello di Pomino Bianco 2013 n’est pas sans ressembler à un chablis, mais en plus riche et plus corsé. Parlant de Chablis, justement, le très bon Joseph Drouhin Chablis 2013 a étonnamment de gras ; possible, et je ne blague pas, qu’à l’aveugle je l’aurais d’abord pris pour un blanc toscan comme le précédent.
On reste dans le blanc avec l’excellent et relativement corsé Pierre Gaillard Saint-Joseph 2012, un vin du Rhône qui sent bon la cire d’abeille et les agrumes. On se régale, par ailleurs, avec le Domaine Labet Chardonnay Fleurs 2012, un « chardo » du Jura délicatement noisetté et peu alcoolisé.
En rouge, vendu comme le saint-joseph autour de 40 $ mais vraiment remarquable, le Bandol Domaine du Gros’Noré 2010 vient de Provence et allie la puissance à l’élégance — et c’est un excellent candidat pour le cellier, soit dit en passant.
Pour terminer, un rouge piémontais exemplaire, peu corsé et qui a des airs de bourgogne, même : le Barbaresco Produttori del Barbaresco 2009, au goût inimitable de réglisse noire et de mûre.
Santé !
Marc
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