Soif d’ailleurs avec Nadia
Heureux mois de mai !
Pour les catholiques, c’est le mois de Marie. Pour les Français (quelle que soit leur confession), c’est le mois du muguet – et celui de tous les congés. Pour les Québécois, ce serait plutôt le mois du lilas, du renouveau, de l’éveil de la nature, du remisage des tuques, foulards et mitaines. Autant de raisons pour l’apprécier.
Et en mai, on fait ce qu’il nous plaît ! Enfin, pendant 30 jours. Parce que le deuxième dimanche de mai, on fait ce qui plaît… à nos mamans !
Ce dimanche donc, les familles québécoises se réuniront pour célébrer leurs mamans autour d’un repas. Et comme le disait avec justesse mon collègue Marc Chapleau dans son récent billet sur le menu pascal, ces festins composés d’une kyrielle de plats variés constituent un défi certain pour les accords mets-vins. Puisqu’il semble presque impossible de trouver LA bouteille qui se mariera à tous les plats, mieux vaut user de sagesse et opter pour des vins passe-partout.
Ah oui ! Si vous célébrez maman autour d’un brunch, privilégiez des vins modérément alcoolisés. Cela permettra de faire durer le plaisir…
Bonne fête des Mères !
Pour en finir avec les mimosas
Je ne sais trop pourquoi, mais j’entretiens un rapport trouble avec le mimosa. Remarquez, sur le fond, je n’ai rien contre. J’apprécie autant le jus d’orange que le vin effervescent. Mais j’aime le premier lorsqu’il est frais et le second lorsqu’il est bon. Or, ce cocktail traditionnellement servi au brunch est souvent un malheureux mélange de jus d’orange commercial et de vin effervescent de qualité douteuse.
Depuis quelques années, j’ai cependant redécouvert les vertus du Moscato. Souvent cantonnée au dessert, cette spécialité du nord de l’Italie est tout indiquée pour les plats sucrés-salés du petit-déjeuner avec sa douceur et sa légèreté alcoolique. J’affectionne particulièrement le Fior d’Arancio 2011 Spumante, élaboré par Vignalta – un producteur phare des Colli Euganei, au sud-ouest de Padoue. Le muscat fior d’arancio, un cépage peu connu issu d’un croisement entre le muscat à petits grains et le chasselas, donne ici un vin délicieusement aromatique, avec des saveurs caractéristiques de fleur d’oranger. Abordable et disponible dans une cinquantaine de succursales de la SAQ.
Plus sec, mais tout aussi original par sa composition de moschophilero qui lui confère de fines tonalités florales, le Amalia Brut du producteur grec Yannis Tselepos est arrondi par un léger reste de sucre (10 g par litre), mais non moins équilibré et désaltérant.
Un brin de douceur, de légèreté et d’exotisme
Compagnon idéal des asperges, des salades, des quiches, du saumon fumé, du crabe et de la plupart des fruits de mer, le riesling est l’un des cépages les plus polyvalents qui soient, surtout à l’heure du lunch. Et même s’ils sont plus riches que ceux de la Moselle, les rieslings du Palatinat allemand font néanmoins preuve d’une grande « buvabilité ». Si la douceur naturelle des bons vins allemands vous agace, il vous faut goûter ce Riesling Trocken, c’est-à-dire sec, de la maison Müller-Catoir. Digeste, racé, désaltérant et abordable. Le meilleur des mondes !
Sur un mode plus vineux, voici maintenant un très bon vin de chenin blanc provenant d’Afrique du sud et nommément du Swartland, au nord-ouest du Cap. Ce secteur encore trop peu connu compte toujours plusieurs vieux ceps de chenin blanc, de cinsault et de syrah, qui donnent des vins complexes et substantiels. Quoique modeste, le chenin blanc Sécateur de Badenhorst est à retenir pour ses saveurs franches et son originalité. Le vin tout-aller que l’on peut apprécier autant à l’apéritif qu’à table, avec un ceviche.
Soif de rouge ?
Les beaujolais sont des vins de soif par excellence ! Les meilleurs combinent la légèreté et le caractère juteux propre au cépage gamay, sans être banals ni dépourvus de personnalité. Parfois bourrus, parfois nuancés et élégants, tout en conservant ce caractère guilleret qui fait tout le charme des bons vins du Beaujolais.
Lors d’une entrevue réalisée plus tôt cette année en prévision de La Beaujoloise, Jean-Paul Brun, vigneron incontournable de la région, disait des beaujolais qu’ils sont des « vins d’avenir », en ce qu’ils correspondent à une demande internationale pour « des vins faiblement alcoolisés, légers, faciles à boire et à marier avec la cuisine. » On ne peu que lui donner raison lorsqu’on goûte sa cuvée L’Ancien 2012. Souple, léger (12 % d’alcool), rafraîchissant et très plaisant avec ses notes de cerise acidulée.
Un peu moins dense, mais non moins savoureux et rassasiant de fraîcheur, le Beaujolais-Villages 2012 Combe aux Jacques de Jadot est une valeur sûre parmi les vins rouges inscrits au répertoire général de la SAQ.
Frais comme un rosé !
Comment envisager un mois de mai réussi sans un verre de rosé ? Vin de seconde catégorie pour certains, le rosé mérite pourtant d’être considéré avec sérieux. Lorsqu’il est bon et élaboré dans les règles de l’art, on s’entend ! Mais, au fait, qu’est-ce qu’un bon rosé ?
D’abord, le vin sera sec, obligatoirement. Pour le reste, tout dépend des critères de l’appellation et du style que souhaite adopter le vigneron. Certains auront une couleur rose foncée – comme à Tavel, dans le Rhône –, d’autres seront à peine colorés – comme ceux de Provence, par exemple. Le vigneron devra ensuite trouver le juste équilibre entre l’extraction de la couleur et l’obtention d’une texture fine, entre les saveurs de fruits rouges et les tonalités florales, entre l’onctuosité et la fraîcheur. Pas si facile que ça, le petit vin d’été, tout compte fait !
En attendant que la plupart des bons vins rosés de spécialité (dont quelques bandols) ne soient bientôt mis en marché, on trouvera son bonheur avec les trois bons vins énumérés ci-dessous, secs (!) et disponibles en quantités importantes dans le réseau.
D’abord, soulignons l’arrivée en succursales du rosé de la gamme Chartier, Créateur d’Harmonies. Fruit d’un assemblage de cinsault, de grenache et de mourvèdre Le Rosé 2013 n’a rien de flamboyant ni d’original, mais s’avère un très bon vin de facture classique, sec et agréable à boire.
Classique d’entre les classiques en matière de rosé de Provence, le célèbre Pétale de Rose 2013 de Régine Sumeire est tout aussi recommandable cette année.
Dans l’État de Washington, Charles Smith – producteur et rock star – élabore aussi un très bon rosé d’inspiration rhodanienne. Plus dodu que le précédent, mais original et bien fait : Charles and Charles Rosé 2013.
À la vôtre !
Nadia
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